Une
autoroute en pleine agglomération. Impensable mais vrai. Dans l’attente d’un
drame, c’est un « axe du mal » que traverse de milliers de personnes
par jour.
Un
danger plane sur l’avenue Cheikh Anta Diop. Il suffit d’un coup d’observation
pour sans rendre compte. Sur sa section comprise entre le Centre hospitalier de
Fann et le Commissariat de La Médina, il n’y a aucun panneau de signalisation.
Ce qui suscite émotion et désolation quand on sait que c’est une double voie à
circulation rapide dans une zone urbaine très dense (avec la présence d’écoles et
d’une université, etc.). Malgré les récentes rénovations de cette voie, les
autorités, ont tout de même oublié de prioriser la sécurité des usagers.
Le
constat est alarmant. C’est l’absence notoire de signalisation verticale (poteaux posés ou des supports droits
donc perpendiculaire à la route) sur ce tronçon. Les automobilistes et les
motocyclistes s’insèrent dans cette faille majeure pour semer la terreur. Ils
roulent constamment à vive allure. « Aucune
régulation. Il n’y a rien. Chacun fait ce qu’il veut » regrette avec
un air consterné Kiné, une jeune dame au volant d’une Polo (petite voiture de
marque allemande). Ceci amenuise sérieusement la sécurité des milliers
d’étudiants, d’élèves et autres qui empruntent quotidiennement cette route.
C’est une bombe à retardement.
Mayday Mayday
L’absence
de panneaux de limitation de vitesse encourage les usagers. Normalement dans
une agglomération, la vitesse de circulation doit être réduite au maximum (30km/h
et 70km/h), selon la situation. Vu le flux important de personnes
qui utilisent cette artère, il devient impérieux de limiter strictement cette
vitesse à 30km/h pour dissuader l’ardeur des conducteurs. Il est avéré que ce
deficit de signalisation élargit les marges du danger.
« Il y a beaucoup de chauffards » affirme
Biram Sow, étudiant en Master, rencontré à côté du restaurant Just For U. Avec son sac au dos, il
vient de passer de longs moments avant de traverser la voie. A
chaque instant de la journée, les piétons font le pied de grue. Les véhicules roulent sans prêter attention aux
piétons alors qu’« ils doivent
donner la priorité aux étudiants » s’offusque El Hadji Diouf, étudiant
au département d’Espagnol. Ce jeudi soir, ils sont nombreux
à l’entrée du « Couloir de la mort » à essayer avec tract et tact de
passer de l’autre côté de la voie. Plus grave, il n’y a pas de feux tricolores.
La
scène est la même tout le long du trajet notamment devant l’Hôpital Fann. Les
accompagnants et les malades souffrent le martyre. Ndiaga Sy confirme le
fait : « Ce n’est pas facile.
Pour acheter des médicaments, il faut attendre et attendre ». « C’est
grave. Les chauffeurs ne s’arrêtent pour laisser les gens traverser la route »
renchérit Pricillia, médecin en spécialisation de chirurgie à Fann, vêtue d’un
pantalon en noir et d’une chemisette blanche.
De
part et d’autre de cette route, trois tunnels sont installés mais ils n’ont
jamais été fonctionnels. Ousmane Faye, étudiant en Licence 3 en Anglais apprécie
que « c’est dangereux d’utiliser ses
tunnels pour des raisons de sécurité des personnes et des biens ». Il
préconise des passages supérieurs. Il faut noter que les piétons ne respectent
pas les règles. Certains ne prennent pas par
les passages cloutés (passage permettant aux piétons de traverser
une chaussée), pour rejoindre l’autre côté de la voie.
« Il est vrai que cet axe est
dangereux » reconnaît M. Diouf, l’adjoint du proviseur du collège
Yavuz Selim. « C’est pourquoi, nous
avons engagé le courtier de l’école pour aider les enfants le matin et soir à
traverser la voie » explique-t-il. Il faut remonter au collège
catholique Anne-Marie Jahouvey pour voir des barrières, récemment placées sur
le trottoir afin de protéger la sortie des apprenants. Les enfants
demeurent les usagers vulnérables de la route.
Ce
triste décor est renforcé par l’absence de ralentisseurs sur la voie. Aucun dos
d’âne n’est perceptible. Etonné de ce bilan, le directeur
des transports terrestres du Sénégal, El
Hadji Seck N. Wade affirme que « pour
ce qui est des absences des éléments de circulation urbaine sur cette voie, il
faut s’adresser à Ageroute Sénégal ».
Ceinture de sécurité
Face à ces remarques attendrissantes,
les responsabilités doivent être situées. Tout de même, M. Wade suggère qu’il faudra « ériger des grilles en fer comme à Keur Mbaye Fall pour
contraindre les populations à passer par les passages cloutés ». Cette
mesure va réduire les risques
d’accident dans un contexte où « 37%
des victimes d’accidents au Sénégal sont des piétons ». Un tel
dispositif diminuera au strict minimum le conflit véhicule piéton. « La mise en
œuvre des stratégies prioritaires du plan national permettra la réduction des
accidents de 35% d’ici 2020. La sécurité routière est un combat de tous les
jours » ajoute-il. Contacté, Ageroute Sénégal n’a pas voulu
se prononcer sur le sujet.
De façon générale, la sécurité
routière est longtemps restée un sujet crucial mais longtemps banalisé. Les « chauffards » prennent
volontiers la responsabilité d’entretenir la psychose chez les piétons. Des
dispositions adéquates sont attendues pour promouvoir le respect du code de la route par
les usagers de l’avenue Cheikh Anta Diop. Cela agira en faveur de la prévention
des accidents de la circulation.