vendredi 9 décembre 2016

Yayah Jammeh rejette sa défaite

L’incroyable vient de se produire en Gambie alors que tout le monde pensait tourner la page de Yahya Jammeh. En effet, quelques heures après l’annonce du nouveau président de ne pas organiser une chasse aux sorcières, l’ancien président déclaré perdant, Yahya Jammeh a décidé de contester la victoire de son challenger.

« De la même manière que j’ai accepté les résultats en croyant fidèlement que la Commission électorale indépendante était indépendante, honnête et fiable, je rejette par les présentes les résultats en totalité. Permettez-moi de répéter : je n’accepterai pas les résultats en fonction de ce qui s’est passé » a affirmé Yahya Jammeh qui appelle à de nouvelles élections.

         

Il y a quelques jours les médias sénégalais en alerte sur la situation en Gambie avaient annoncé qu’un coup se préparait du côté de Yahya Jammeh! Le président élu Adama Barrow n'est tout de même pas resté bouche bée. Il réagit sur la chaîne de télévision privée sénégalaise TFM.

          

Adama Barrow, le nouveau président face à cette situation a utilisé les réseaux sociaux pour manifester son désaccord. Ainsi, il s'est également exprimé sur twitter.
Yayah Jammeh a t-il été inquiété par les déclarations de Mme Fatoumata Jallow-Tambajang (membre de la coalition de M. Barrow). Cette dernière avait annoncé qu’il serait poursuivi. Nul ne peut le confirmer avec certitude. Une chose est sûre, Yahya Jammeh est désormais décidé à rester au pouvoir jusqu’au bout.

8e Colloque de la fondation Konrad Adenauer: La Religion, un moyen pour préserver l'environnement

Le colloque Religion et environnement, dans la série des Plaidoyers pour le dialogue interreligieux Enracinement et ouverture, s’est terminé le 7 décembre après deux jours d’intenses travaux. Avec plus de 300 participants, responsables et fidèles de 4 religions, du monde politique, de l’économie, des médias, l’objectif principal du colloque était de promouvoir le dialogue interreligieux comme cadre et moyen de valorisation d’une nouvelle culture environnementale. 

Organisé par la Fondation Konrad Adenauer en coopération avec l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’Ambassade d’Israël et ASECOD, le colloque a permis d’ébaucher des recommandations et des bonnes pratiques tirées d’une fine analyse des liens entre religion et la création, l’environnement, la maison commune.

La cérémonie d’ouverture a rassemblée les représentants des ministères de L’environnement et du développement durable, Monsieur le représentant du Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, le Nonce Apostolique, le Vice-Recteur de l’Université de Dakar, l’Ambassade d’Israël, Sidy Dieng le Président de ASECOD, des députés, conseillers, représentants des communautés, congrégations et confréries religieuses du Sénégal, de la société civile et des médias. Le high light de la cérémonie était la présentation de la pièce Religion et Environnement que la troupe TOTOK avait créée spécialement pour l’évènement.

L’initiative du colloque interreligieux reflète clairement une des priorités de la Fondation Konrad Adenauer et du Gouvernement du Sénégal : le dialogue et la communication entre les différentes religions et cultures. Nous l’avons intitulé « Plaidoyer pour le dialogue interreligieux », et en effet, le colloque donne annuellement l’opportunité aux responsables et adhérents des différentes religions de communiquer et d’échanger afin de rendre encore plus solide la belle cohabitation religieuse au Sénégal. L’objectif du colloque de cette année a été clairement défini : trouver dans le dialogue interreligieux un moyen de valorisation d’une nouvelle culture environnementale. Pour ce faire, Ibrahima Fall de Green Sénégal a d’abord diagnostiqué les actions qui contribuent à la destruction progressive de l’environnement. Ces actions ont des conséquences néfastes non seulement sur la nature – bien visibles, mais par ricochet, aussi sur la vie socioéconomique et culturelle, et particulièrement dans les pays en voie de développement, en engendrant des conflits sociaux avec ses corollaires, l’émigration et des extrémismes.

Ensuite, avec des représentants des quatre religions : traditionnelle africaine, juive, chrétienne et islamique, les participants sont allés à la découverte des discours religieux de plusieurs religions afin de décortiquer la manière dont est perçue  la question environnementale dans les textes et dans les traditions sacrés. Quel est le rôle que les religions devraient et peuvent jouer dans la sauvegarde et dans la transformation positive de l’environnement ? Puis les participants se sont penché sur les approches de différents acteurs de la société pour un véritable changement de comportement vis-à-vis de la nature. Comment le souci du vivre ensemble dans un environnement sain peut être vecteur des relations de bon voisinage ? Ces questions ont été soulevés par conférenciers du deuxième panel. Dans les ateliers de bonnes pratiques, il s’est agi, le lendemain, de trouver ensemble – dans un dialogue de toutes les religions, convictions et idéologies – des voies et moyens d’action et de mobilisation pour contribuer à sauvegarder notre maison commune. 

Le respect de l’environnement peut contribuer au respect de l’autre, et face aux problèmes de chômage, d’extrémismes, d’émigration clandestine, les activités de protection et de transformation positive de l’environnement et particulièrement l’économie verte peuvent être un levier du développement durable et de promotion de la paix sociale.

Au sortir du colloque, dans la lecture de la synthèse, les participants ont proposé des solutions concrètes et des bonnes pratiques, à travers le dialogue interreligieux, pour promouvoir une synergie entre les religions et un dynamisme pour la sauvegarde et la transformation positive de l’environnement.


Le colloque a été enrichi par nombreuses prestations artistiques : slam et autres prestations musicales d’artistes engagés dans l’environnement, récital de poème, exposition de plusieurs artistes spécialement de Henry Sagna qui fait des merveilles sur la base de déchets transformés et les élèves de l’Ecole des Arts qui ont présenté une merveilleuse miniature d’étang avec nénuphars et grenouilles – en argile. La présentation de l’hymne au Baobab, écrit par Raphael Ndiaye, par la chorale Mukassa des Martyrs de l’Ouganda a certainement été un des sommets du colloque, suivi de la prière interreligieuse animée par des jeunes et des religieux de toutes les religions. Une prière pour l’environnement, pour la cohabitation constructive et féconde, pour la paix.

vendredi 2 décembre 2016

Capitaine Mbaye Diagne, l'héros de notre temps


Une bande dessinée, c'est la forme d'expression adoptée par la Fondation Konrad Adenauer pour mettre les projecteurs sur "l'héros de notre temps", le Capitaine Mbaye Diagne.

Vingt-deux ans après sa disparition en Rwanda dans le cadre d'une mission des Casques bleus des Nations Unies, Mbaye Diagne a été montré au cours de la cérémonie comme le modèle parfait que les jeunes doivent ressembler à travers ses nombreuses valeurs: courage, détermination, amour du travail et de l'effort, amour de l'autre et beaucoup d'humanité. 

La cérémonie déroulée le 01 décembre a connu une forte participation de la part des différents corps et écoles de formation de l'Armée nationale ainsi que d'autres hautes personnalités. Mbaye Diagne a sauvé près d'un millier de vies humaines, des Tutsi et Hutus modérés menacés d'une mort certaine dans le génocide au Rwanda de 1994. Le capitaine y a perdu sa vie - les illustrations lui rendent hommage et le présentent comme un héros national.

Des discours et contributions souvent très émouvants ont témoigné de la vie et de l'œuvre exceptionnelle du Capitaine Mbaye Diagne. Prononcés par le Représentant Résident de la Fondation Konrad Adenauer, M. Thomas Volk, le Sénateur Sidy Dieng Président de ASECOD, le Colonel Babacar Diouf représentant le Chef d'Etat-major des Armées Sénégalaises, le Général Mamadou Mansour Seck, ancien CEMGA, et l'Ambassadeur du Rwanda qui, à l'instar de ses prédécesseurs, a rendu un hommage soutenu au capitaine Mbaye Diagne, en présence de la veuve du Capitaine, Mme Yacine Diop Diagne et de plusieurs membres de la famille.


L'émotion était grande lors de la projection du film "Niani, on nous tue, on ne nous déshonore pas" de Moussa Sène Absa, qui retrace la vie du Capitaine Mbaye Diagne.  
Aussi les voix de l'audience étaient unanimes: il faut mieux faire connaître ce héros de notre temps, et la bd Afrique Citoyenne est un moyen privilégié de communication et de transmission du message aux jeunes.

lundi 18 juillet 2016

INSECURITÉ ROUTIÈRE : ALERTE ROUGE SUR L’AVENUE CHEIKH ANTA DIOP


Une autoroute en pleine agglomération. Impensable mais vrai. Dans l’attente d’un drame, c’est un « axe du mal » que traverse de milliers de personnes par jour.

Un danger plane sur l’avenue Cheikh Anta Diop. Il suffit d’un coup d’observation pour sans rendre compte. Sur sa section comprise entre le Centre hospitalier de Fann et le Commissariat de La Médina, il n’y a aucun panneau de signalisation. Ce qui suscite émotion et désolation quand on sait que c’est une double voie à circulation rapide dans une zone urbaine très dense (avec la présence d’écoles et d’une université, etc.). Malgré les récentes rénovations de cette voie, les autorités, ont tout de même oublié de prioriser la sécurité des usagers.

Le constat est alarmant. C’est l’absence notoire de signalisation verticale (poteaux posés ou des supports droits donc perpendiculaire à la route) sur ce tronçon. Les automobilistes et les motocyclistes s’insèrent dans cette faille majeure pour semer la terreur. Ils roulent constamment à vive allure. « Aucune régulation. Il n’y a rien. Chacun fait ce qu’il veut » regrette avec un air consterné Kiné, une jeune dame au volant d’une Polo (petite voiture de marque allemande). Ceci amenuise sérieusement la sécurité des milliers d’étudiants, d’élèves et autres qui empruntent quotidiennement cette route. C’est une bombe à retardement.

Mayday Mayday
L’absence de panneaux de limitation de vitesse encourage les usagers. Normalement dans une agglomération, la vitesse de circulation doit être réduite au maximum (30km/h et 70km/h), selon la situation. Vu le flux important de personnes qui utilisent cette artère, il devient impérieux de limiter strictement cette vitesse à 30km/h pour dissuader l’ardeur des conducteurs. Il est avéré que ce deficit de signalisation élargit les marges du danger.

« Il y a beaucoup de chauffards » affirme Biram Sow, étudiant en Master, rencontré à côté du restaurant Just For U. Avec son sac au dos, il vient de passer de longs moments avant de traverser la voie. A chaque instant de la journée, les piétons font le pied de grue.  Les véhicules roulent sans prêter attention aux piétons alors qu’« ils doivent donner la priorité aux étudiants » s’offusque El Hadji Diouf, étudiant au département d’Espagnol. Ce jeudi soir, ils sont nombreux à l’entrée du « Couloir de la mort » à essayer avec tract et tact de passer de l’autre côté de la voie. Plus grave, il n’y a pas de feux tricolores.


La scène est la même tout le long du trajet notamment devant l’Hôpital Fann. Les accompagnants et les malades souffrent le martyre. Ndiaga Sy confirme le fait : « Ce n’est pas facile. Pour acheter des médicaments, il faut attendre et attendre ». « C’est grave. Les chauffeurs ne s’arrêtent pour laisser les gens traverser la route » renchérit Pricillia, médecin en spécialisation de chirurgie à Fann, vêtue d’un pantalon en noir et d’une chemisette blanche.

De part et d’autre de cette route, trois tunnels sont installés mais ils n’ont jamais été fonctionnels. Ousmane Faye, étudiant en Licence 3 en Anglais apprécie que « c’est dangereux d’utiliser ses tunnels pour des raisons de sécurité des personnes et des biens ». Il préconise des passages supérieurs. Il faut noter que les piétons ne respectent pas les règles. Certains ne prennent pas par  les passages cloutés (passage permettant aux piétons de traverser une chaussée), pour rejoindre l’autre côté de la voie.

« Il est vrai que cet axe est dangereux » reconnaît M. Diouf, l’adjoint du proviseur du collège Yavuz Selim. « C’est pourquoi, nous avons engagé le courtier de l’école pour aider les enfants le matin et soir à traverser la voie » explique-t-il. Il faut remonter au collège catholique Anne-Marie Jahouvey pour voir des barrières, récemment placées sur le trottoir afin de protéger la sortie des apprenants. Les enfants demeurent les usagers vulnérables de la route.
Ce triste décor est renforcé par l’absence de ralentisseurs sur la voie. Aucun dos d’âne n’est perceptible. Etonné de ce bilan, le directeur des transports terrestres du Sénégal,  El Hadji Seck N. Wade affirme que « pour ce qui est des absences des éléments de circulation urbaine sur cette voie, il faut s’adresser à Ageroute Sénégal ».

Ceinture de sécurité
Face à ces remarques attendrissantes, les responsabilités doivent être situées. Tout de même, M. Wade suggère qu’il faudra « ériger des grilles en fer comme à Keur Mbaye Fall pour contraindre les populations à passer par les passages cloutés ». Cette mesure va réduire les risques d’accident dans un contexte où « 37% des victimes d’accidents au Sénégal sont des piétons ». Un tel dispositif diminuera au strict minimum le conflit véhicule piéton. « La mise en œuvre des stratégies prioritaires du plan national permettra la réduction des accidents de 35% d’ici 2020. La sécurité routière est un combat de tous les jours » ajoute-il. Contacté, Ageroute Sénégal n’a pas voulu se prononcer sur le sujet.

De façon générale, la sécurité routière est longtemps restée un sujet crucial mais longtemps banalisé. Les « chauffards » prennent volontiers la responsabilité d’entretenir la psychose chez les piétons. Des dispositions adéquates sont attendues pour  promouvoir le respect du code de la route par les usagers de l’avenue Cheikh Anta Diop. Cela agira en faveur de la prévention des accidents de la circulation.

jeudi 14 juillet 2016

DEVELOPPEMENT WEB: L’ESP enfante sa première start-up

L'équipe technique de Ikane Company
Ils ont le doigt agile sur le clavier, l’imagination fertile et un sens de l’analyse précise en Informatique. Bienvenue dans l’ère de l’entreprenariat web et dans l’aire des solutions technologiques.

 « Welcome to Technoland. Nul n’entre ici s’il n’est technophile ! ». C’est la phrase d’accueil inscrite sur la porte d’entrée de Ikane Company, la start-up établie au sein de l’Ecole  polytechniquedu Sénégal (ESP). La chevelure en afro, Ibrahima Kane, en chemise pagne assortie d’un jean bleu est élève ingénieur au département du Génie Informatique. Il dirige la petite entreprise innovante. « Avec quelques camarades, nous avons créé une compagnie en ingénierie informatique », lance-t-il avec fierté.

Ici, pas de climatiseur, ni de grand espace rempli d’ordinateurs ou de serveurs. Juste un ventilateur qui brasse l’air et un ordinateur connecté à un écran de télévision qui sert de moniteur de commande. « Nous avons transformé nos chambres en bureaux improvisés », ajoute-t-il, l’air décontracté. La chambre 13 du pavillon F du campus social de l’ESP est le centre des opérations. « C’est notre workspace ». Un espace atypique pour les six étudiants qui forment l’équipe de travail. « L’autre jour le directeur de l’ESP nous a reçus. Il nous a promis des locaux dans l’enceinte de l’école », note Ibrahima.

Quatre fauteuils de bureau et cinq petites tables constituent l’essentiel du mobilier. Deux bannières de Google complètent le décor.  Cela offre un design relooké. Un nombre impressionnant de "post-it" de différentes couleurs embellissent les murs, comme pour rappeler les différentes tâches à effectuer. L’ambiance, ce mercredi matin est très conviviale. Un calme règne mais en fond sonore, une musique techno américaine emplit l’atmosphère.

Edu-Manager
Ce jour, l’équipe technique, composée de trois membres de la start-up, occupe les lieux. Leur objectif principal est de finir la conception de « Jangando » (qui signifie "Apprenons ensemble" en wolof). « C’est un kit complet de logiciels et de services qui va révolutionner l'enseignement au Sénégal et, très bientôt en Afrique », rassure Ibrahima Kane. Il s’agit d’une plate-forme de gestion efficace des écoles et universités. « La sortie de la version beta de cet outil est prévue pour Septembre 2016 », annonce avec enthousiasme, le graphiste designer du groupe, Dahaba Sakho, en t-shirt bleu, frappé du logo de la start-up.

Ikane Co. est la première entreprise créée par des étudiants en formation à l’ESP. Immatriculée depuis mars dernier au Bureau d’appui à la création d’entreprise (Bce), elle offre des « services orientés dans les solutions pour l’éducation et pour la santé » ainsi que « des consultances informatiques pour des particuliers avec l’édition et la vente de produits informatiques » informe Saalihou Ndiaye, analyste programmeur portant un tee-shirt rouge à l’effigie d’ "Ikane".

Merci Pasteur
De l’enceinte de l’ESP, la start-up s’active pour décrocher des marchés dans son domaine de prédilection. Elle attire des regards de renom. C’est ainsi, qu’elle a été retenue par l’Institut Pasteur de Dakar pour concevoir une application de surveillance épidémiologique, au Sénégal. « C’est le seul gros projet que nous avons », indique Ibrahima Kane. « Nous sommes à pied d’œuvre pour qu’il soit une réussite ». Concernant le montant de cette commande, « cela dépasse un million de franc CFA », dit-il.

Ce qui alimente les caisses de l’entreprise provient essentiellement des recettes de la création de sites web et de la location de buzzle (outils permettant de jouer au quiz). « Nous avons un contrat d’accréditation pour l’enregistrement et la vente du nom de domaine .SN avec une structure », souligne Ibrahima Kane. De façon générale, la viabilité économique des start-ups pose problème. Comme beaucoup d’autres, Ikane Company ne génère pas assez de ressources pour son réel fonctionnement. « Comme nous sommes encore des étudiants, nous ne nous plaignons pas. Nous avons nos bourses. En plus, la priorité est de bien finir nos études », précise-t-il

Piqué par le virus de l’aventure entrepreneuriale, ils se disent prêts à se consacrer à l’évolution de leur entreprise, avec le développement des produits en interne. Pour cela, Dahaba Sakho, a choisi d’y effectuer son stage de fin d’études de deuxième année. « Saalihou et moi préférions travailler sur nos projets à Ikane. Ici, nous pourrons continuer à travailler sur nos projets. Et, c’est également de l’expérience pour nous ». Le parfum de détermination et de la passion se fait sentir. « Pour mon mémoire que je dois soutenir en octobre prochain, inch'Allah ! devant un jury, j'ai décidé de travailler sur JANGANDO ». La fougue de la jeunesse amplifiée par le désir de réussir donne du tonus à ces jeunes chefs d‘entreprise qui ont la vingtaine.

Penser Afrique
A chaque entreprise, son leitmotiv. La vision que poursuit Ikane Company est de créer des solutions informatiques « d’inspiration purement africaine ». Riche de ses expériences personnelles et confiant dans les compétences, Ibrahima se projette dans un « futur proche où l’Afrique n’aura plus à s’adapter aux options occidentales mais fonctionnera avec ses propres bases informatiques ».

Malgré le manque de temps, à cause des multiples projets de classe, les activités para-scolaires, les cours et examens, ils s’efforcent de concevoir et de réaliser la majorité des fonctionnalités de leurs différents projets. L’informatique offre de meilleures perspectives d’évolution en matière de développement. Elle est l’outil technologique le plus répandu, de nos jours. Ces jeunes croient dur comme fer qu’elle constitue le moyen le plus efficace pour eux d’embrasser une carrière stable et prometteuse. 

PRATIQUE DE TENNIS: Un luxe moins apprécié au campus

Le tennis traverse un fleuve de solitude au Campus. Jugé onéreux, sa compagnie est la moins préférée des étudiants.

Raquettes à la main, ils sont une dizaine en t-shirt et short avec des chaussures de tennis à s’exercer sur l’un des courts du campus universitaire de Dakar. A tour de rôle, chacun d’eux se positionne sur la ligne de service pour frapper la balle lancée depuis le filet par leur encadreur. On est loin de penser que ce sont des étudiants, ils ont entre cinq  et douze ans. « Depuis plusieurs semaines, ces enfants apprennent les techniques gestuelles de base du tennis » informe Ibou Diouf, taille élancée, teint noir en tenu de sport.

 En face du pavillon R et à côté des boutiques de la zone B, le terrain du tennis est en plein cœur du campussocial. Cette proximité avec les étudiants n’induit pas, pour autant, sa fréquentation. Le tennis est l’activité sportive la moins pratiquée ici. La section du Duc Tennis avec un statut de club civil, compte plus de particuliers que d’étudiant pendant que celles de football ou du basketball reçoivent des adhésions multiples. Les causes de ce manque d’intérêt au sport de Novak Djokovic (le n°1 mondial du tennis) sont fondées sur des préjugés partagés par la plupart des étudiants. Il s’agit de la cherté des équipements. « Pour moi, ce sont des raisons financières. Le tennis est très coûteux » explique Thomas Diedhiou,  en Master à l’Ecole des bibliothécaires et archivistes de Dakar (Ebad). Un autre étudiant de s’écrier « C’est vraiment un sport de riche ».

Le prix des équipements du Tennis donne sûrement des vertiges aux étudiants. Une seule raquette peut se payer au double, au quintuple voire au-delà du déculpe de leur bourse complète (36.500 fcfa). En plus, c’est selon la qualité. Cela n’est pas à la portée de la bourse universitaires surtout que chaque joueur doit avoir son équipement personnel. Ces déclarations sont confirmées par Mame Mbaye, un autre encadreur du tennis venu entrainer quelques habitués du centre « Le manque de moyens des étudiants fait qu’ils ne viennent pas s’inscrire. Cet abandon du tennis peut être aussi interprété par une « question de réputation ». Selon Diedhou « ce sport n’est pas très connu et ainsi n’attire pas de monde ».


Forfait formation
Construit depuis une quarantaine d’années, le terrain de tennis comporte quatre courts, dont deux, actuellement en état de délabrement avancé. Une petite tribune sans toit, fait face au deux autres courts rénovés récemment sous fond propre du club. Le Duc Tennis à été délaissé par les autorités du Coud. Ce centre a été une pépinière où de grands noms du Tennis Sénégalais comme Yahiya Doumbia s'entrainaient. « Le prix de l’inscription au club varie selon le statut souscripteurs. Les  étudiants paie dix mille fcfa, les travailleurs soixante mille et les retraités cinquante mille ».

En plus de l’équipement, la formation aux rudiments du tennis se monnaie à des tarifs précis. « L’encadrement individuel est à 20 000 Fcfa par mois et collectif est à 10 000 fcfa à raison de 8 heures » annonce Mame Mbaye. Pour encourager les étudiants à pratiquer ce sport, le Coud avait mis en place un système leur permettant de se former gratuitement. « Il y avait un entraineur à plein temps encadrait  les étudiants inscrits au Bureau de Sport  mais suite au départ en retraite de ce dernier, cette formation a été interrompue » renseigne Ousseynou Kama, secrétaire général  de Duc Tennis.

Les étudiants étrangers prennent le relai des sénégalais. Les marocains viennent en premiers occuper les rangs. Sous le soleil accablant de cet après-midi du mercredi, Aicha, taille moyenne et corpulence athlétique, est habillée comme une vraie pro du tennis mais c'en est en fait une novice. Ivoirienne de nationalité, elle est venu s’entrainer. Elle trouve le coût de la formation est abordable et déclare « c’est plutôt le Golf qui est un sport de riches ».

Pour l’instant, il va falloir un travail de promotion pour que les étudiants de l’Ucad s’intéressent à la petite balle verte. Toutefois, le secrétaire général du Duc Tennis se réjouit du fait que les performances du club, qui ne sont plus à démontrer, selon ses dires. « Pour le dernier tournoi Interclub, nous avons raflé cinq des six tableaux ».

vendredi 1 juillet 2016

AVENUE CHEIKH ANTA DIOP: Embouteillage à grande vitesse

On se croirait à Lagos, la capitale économique du Nigéria, où les bouchons peuvent durer une éternité mais non. Dakar a également ses heures et ses axes d’interminables « go-slow » (expression nigériane pour désigner les embouteillages)

Les klaxons fusent de partout. Le vrombissement incessant des moteurs amplifie l’ambiance au rond point de l’Université Cheikh Anta Diop deDakar (Ucad). Devant l’entrée du Camp Jérémy, l’espace est entièrement occupé par un mélange de Car rapide, de bus Tata, de Ndiaga Ndiaye, ce midi. Certains étudiants se livrent à des empoignades pour trouver des places à bord des bus mais l’embouteillage vient. Et, il est arrivé. Arrêt obligé.

Mamadou Diop et Moustapha Diawara, agents de sécurité du rectorat de l’Ucad jouent fréquemment le rôle de régulateurs. Ils clament leur incapacité  face à ces embouteillages qui sont « devenus de plus en plus inquiétants ». « L’embouteillage et la chaleur ne font pas bon ménage. Que de temps perdu » s’exclame M. Barry, exaspéré au volant de sa Clio (petite voiture de marque française). Le soleil est au zénith et la chaussée dégage une vive chaleur. De l’autre côté de la voie, les sirènes d’une ambulance invitent à donner la priorité aux urgences. Aux abords du Centre hospitalier universitaire de Fann, la situation est « insoutenable » affirme le passager d'un taxi. Un long fil de véhicules est immobile depuis un long moment. A intervalle irrégulier de temps, elles avancent à pas d’escargot.

La densité du trafic urbain sur cet axe est l’une des raisons principales. Le spectacle est grandiose. De nombreux taxis jaunes-noirs renforcent les rangs. La circulation est obstruée. Quelques rares scooters (motos) se fraient un chemin entre les automobiles. Un tel scénario est devenu un rituel. Cette voie facilite l’accès au centre-ville de Dakar. Il favorise les mouvements des populations qui, tôt le matin, se dirigent presque tous vers le centre-ville. Le soir, c'est le mouvement inverse. Cette réalité implique les énormes bouchons.

Pousse-pousse
Les usagers de cette avenue perdent des heures à attendre chaque semaine sur cette voie. « Ce sont les plaquettes de voitures qui en souffrent » affirme Mme Seck à côté de sa voiture tombée en panne près de l’agence de Sonatel. Ces embouteillages tentaculaires sur l’avenue Cheikh Anta Diop empiètent également sur la circulation des piétons. Les trottoirs sont réservés, mais force est de constater que cet espace leur est âprement disputé par les motocyclistes. Une fois encore l’embouteillage peut tout justifier.

Plusieurs motocyclistes prennent d’assaut les trottoirs quand leurs tentatives de se faufiler entre les véhicules semblent impossibles. Assis en face de l’Ecole nationale de Développement sanitaire et social (ENDSS), Ibrahima Gueye est étudiant en Licence 3 en Sciences politiques. Venu retirer sa bourse, il fustige le fait que « les piétons ne sont pas respectés. Les tunnels construits pour faciliter la traversée de la voie n’ont jamais servi. M. Deme, en boubou blanc est un gendarme à la retraite. Il dit choisir ses heures de sortie pour ne pas être confronté à ces embouteillages. Il propose de « décongestionner » Dakar en déplaçant certains ministères ainsi que  le marché Sandaga.

        « Mon avenir, mon avenue »
Les embouteillages sur l’avenue Cheikh Anta Diop sont parfois dus aux mouvements des étudiants. Au Sénégal, la place de l’Obélisque est reconnue de tous comme l’endroit par excellence  pour les manifestations politiques. Ainsi, les étudiants confisquent de « droit » cet axe routier. Il suffit d’un rien du tout pour que ces derniers installent le désordre sur cette voie.

Les affrontements réguliers avec la police à coups de pierres et de gaz lacrymogènes ont fait positionner de façon permanente, un pick-up de la police à l’angle du carrefour du grand portail du Coud. Ceux-ci sont plus attentionnés sur les faits et gestes des étudiants que par la fluidité de la circulation.

mercredi 29 juin 2016

ENERGIES RENOUVELABLES: LUMIERE SUR LES RECHERCHES AU SENEGAL

La photographie se réalise à base de lumière. L’exposition photographique sur les expérimentations en énergie solaire au Sénégal, dans les années 1960, permet de voir ô combien lente, a été l’avancée dans ce domaine.

Le parvis de la Bibliothèque universitaire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a reçu une exposition photographique qui a ravivé le souvenir d’un Sénégal bien lancé dans les énergies renouvelables. Inaugurée le 2 mai dernier, sous le titre de « Le Sénégal pionnier de l’énergie solaire. Des premières expérimentations thermodynamiques de Dakar aux pompes solaires de la SOFRETES 1960-1983 », elle compile des images montrant les premiers panneaux solaires conçus à l’Ecole supérieure polytechnique (ESP) ainsi que les pompes solaires installées dans des villages. Réalisées par Frédéric Caille, c’est une cinquantaine de reproductions pour la plupart inédites qui retracent cette aventure. Cette exposition a offert l’opportunité de se poser de questions sur les raisons du retard constaté dans la mise en œuvre des projets. Cette exposition devrait durer jusqu’au 30 juin mais elle a été interrompue la semaine dernière.

Occasion manquée
Au milieu ds années 1970, Dakar était devenu l'un des principaux centres de recherches en solaire au monde. Cette exposition a offert l'opportunité de se poser de questions« Il n’y a pas de développement sans innovation. Il n’y a pas d’innovation sans recherche ». Oui, c’est clair. A ces mots prononcés sur un ton ferme, Mamadou Lamine Ndiaye, enseignant-chercheur au département de Génie électrique de l’Ecole supérieure polytechnique (ESP), éclaire d’emblée, la lanterne de qui veut comprendre les raisons du « retard » du pays de la Teranga sur les énergies renouvelables ou, du moins, sur leur utilisation. Face à ses panneaux photovoltaïques installés à quelques jets de pierres de son bureau, il montre les prouesses réalisées.

 L’énergie étant l’un des facteurs qui induisent les mutations dans le monde, il indexe le manque de « volonté pratique » des gouvernants dans la conception des projets, pour accompagner les recherches alors qu’il est devenu impossible de penser développement sans énergie. « Les recherches n’ont pas baissé depuis la création de l’ESP mais ce qui a toujours fait défaut, c’est l’accompagnement du pouvoir » annonce-t-il. Ainsi, l’absence de soutien financier de l’Etat est la principale cause de cette situation.

Recherche commandée
En s’appuyant sur l’exemple des pays développés, notamment la France, M. Ndiaye montre qu’il faut pour les pays africains au Sud du Sahara, et particulièrement le Sénégal, un système dans lequel les recherches scientifiques seront commandées. Il s’agira des entreprises qui mettront des ressources financières à la disponibilité des laboratoires sur des problématiques bien précises. Ainsi, « au lieu de concevoir difficilement des prototypes et ensuite ne pas pouvoir les reproduire pour leur utilisation, les solutions sont insérées dans des projets prêts à être réalisés », argumente-t-il.

Au Centre international de formation et de recherche en énergie solaire (Cifres), Abdoulkarim Mbobji, l’un des chercheurs du laboratoire donne une autre raison : « Parfois, les thématiques des recherches ne s’accordent pas avec la réalité du terrain ». En citant son propre exemple, il fustige le fait que certains travaux ne peuvent répondre aux besoins réels des populations. Il a travaillé sur les « Smart grid », système d’électricité qui permet la mise en place de « maisons intelligentes » (maisons informatisées), alors que les circuits électriques du pays ne sont pas « performants » pour envisager de telles initiatives. A quelques encablures de là, Alphousseyni Ndiaye concentré sur son ordinateur dans le Laboratoire des énergies renouvelables (Ler) de soutenir que la capacité des ressources humaines du pays peut relever les défis énergétiques présents.

lundi 27 juin 2016

MARCHE BIO AU CAMPUS: POUR LE GOÛT ET POUR LE PRIX


Qui pourrait imaginer la présence d’un marché dans l’espace de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) ? Il en existe un : le marché « bio » du Clos Normand. Loin des regards du grand nombre, il attire une clientèle acquise à sa cause, et surtout pour ses fruits et ses légumes.

« Je trouve que ces produits ont un meilleur goût. Sincèrement, ce n’est pas comparable aux autres » ainsi dit, Mme Carine. En chemisier fleuri sans manche avec ses lunettes, elle est assistée par ses deux filles adolescentes. La Française semble plus préoccupée à charger son sac de légumes que pour autre chose. Avec leur silhouette fine, elle et ses filles se faufilent entre les trois étals de la place. Dans les caisses en plastique de tomates, de carottes, d’aubergines, de choux, de courgettes et autres, leurs mains passent et repassent à la recherche du « goût ». « Le goût est vrai » soutient Mme Epon, une autre expatriée.

 Sous une seule tente, les produits « bio » sont exposés dans des paniers sur la véranda de l’arrière-cour du Clos Normand, un espace situé à côté de l’Institut de formation en administration et en création d’entreprise (Iface) de l’Ucad. Une vingtaine de caisses pleines de légumes de toutes sortes et de bananes sont entreposées par terre et arrangées de manière à délimiter l’espace. En plus, il y a divers produits issus de transformations alimentaires tels que du couscous de mil, des mangues séchées, des confitures.

 L’affluence n’est pas au rendez-vous, ce matin. Assise devant une balance et un pil de sachet en papiers à côté, Maty Seck, un voile couvrant sa tête est la caissière de la coopérative Sell-Sellal. Elle semble ne pas s’inquiéter de cette situation. « Avant, on n’avait que des clients ‘’Toubabs’’ mais depuis un certain temps, les Africains aussi viennent. Les prix sont accessibles ». Mme Diagne  en boubou traditionnel, justifie cela « Les prix sont très acceptables. D’ailleurs le plus important, c’est la santé ». La plupart des étudiants interrogés aux alentours ignorent la présence de ce point de vente.

Pesticide « haram »
 Dans un contexte où l’utilisation de pesticides domine,  les produits du marché sont plus appréciés. C’est une initiative de la coopérative de l’Agriculture saine et durable (ASD), qui regroupe un réseau de producteurs locaux issus de cinq fédérations accompagné par Enda Pronat, une Ong qui forme des producteurs sur l’utilisation d’alternative aux pesticides chimiques. Dans toutes les phases de la production, les cultivateurs sont suivis. « Du choix des semences à la préparation du sol pour la mise en terre et à la récolte, ils reçoivent un soutien », affirme la caissière, visiblement satisfaite.

 « Le marché s’approvisionne grâce aux producteurs locaux avec qui nous formons la coopérative » ,explique Coumba Gueye, vendeuse au marché et membre de la Fédération des Agropasteurs de Diender (FAPD) qui intervient dans la zone maraîchère des Niayes. « Le marché  bio se tient régulièrement depuis 2013 et le Clos normand est notre premier point de vente », ajoute-t-elle.

 Depuis quelques années, l’Agriculture saine et durable est expérimentée au Sénégal, les résultats de cette technique culturale portent leurs fruits pour le bonheur des populations.La consommation des produits « bio » a ainsi connu une progression à travers  ce type de marché. Pour l’instant, l’expérience est en train de faire tache d’huile petit à petit dans la capitale sénégalaise. Des Almadies au Parc de Hann où sont stockées les produits, la coopérative est la structure qui, au Sénégal, essaie de rapprocher ses produits de ses clients. A l’aide d’une fourgonnette, elle se déplace pour livrer, parfois à domicile, les commandes qu’elle reçoit par téléphone ou sur son site internet.