« Le développement du sport en Afrique passe inévitablement par la disposition d'infrastructures adéquats pour sa pratique ». Pape Diouf, invité au carrefour d'actualité du Cesti, le 21 décembre donne les raisons du faible niveau des résultats sportifs en Afrique.
« En Afrique comme partout ailleurs, l'Etat a un devoir régalien à assurer en ce qui concerne le développement du sport en général et du football en particulier ». C'est l’essentiel de la diagnostique de Pape Diouf sur l'état du football africain. « C'est un devoir pour l'Etat de mettre en place des infrastructures sportives si nous voulons améliorer les résultats » poursuit-il avec détermination. Le manque criard de terrain de sport performant a une part importante dans la médiocrité des résultats du sport africain sur le plan mondial. Bien que les sportif africains arrivent à sortir la tête de l'eau dans certains domaines comme l'athlétisme, il reste une immense sphère mal exploitée par ces derniers.
L'exemple du Cap Vert
Pour étayer son argumentation sur l'importance des infrastructures dans l’essor du sport africain, Pape Diouf a beaucoup insisté sur ce qu'il a vu au Cap Vert. Sans faire de la dentelle, l'ancien président de l'Olympique de Marseille s'est dit « étonné et stupéfait » de la présence de près d'une dizaine de terrain de sport avec tribune dans les quartiers de Praia, la capitale cap-verdienne. Ce pays-archipel, formé d'îles d'origine volcanique, surfe déjà avec deux qualifications consécutives ( 2013 et 2015) à la coupe d'Afrique des Nations. sans aucune autre précédente participation. Les autorités du pays remédient considérablement l’insuffisance des infrastructures sportives et de loisirs communautaires.
En plus des infrastructures, Pape Diouf indexe l'apport des initiateurs privés pour un développement de qualité du foot africain. « Le foot, c'est du business. Il faut qu'il y ait des gens qui acceptent d'y investir et de financer ». L'ancien agent de joueur illustre sa perception des choses en s'appuyant sur l'exemple de Roger Ouegnin,
qui dirige le club ivoirien Asec Mimosa depuis 1989. Ce club dispose d'un centre d'entrainement exceptionnel dénommé Sol béni.
Pape Diouf affirme par ailleurs qu'il ne faudrait pas attendre à un développement à coup de baguette magique du foot africain car les pays sont sous-développés.
Ministre du football national
Dans la plupart des gouvernements des Etats africains, le ministère du sport de la jeunesse et loisir (ce dénominateur demeure très en vogue dans nombre de pays francophones au Sud du Sahara) est souvent assimilé au ministère du sport. Et, pire au ministère du football. Cette remarque faite par M. Diouf est une évidence dans ses pays où les habitudes sportives ou l'ambiance sportive tournent toujours autour de l'actualité footballistique. Ainsi, la réussite de l'équipe nationale de football est attribuée d'office au ministre du sport et son échec de l'équipe peut parfois annoncer inefficacité de la politique sectorielle du ministre en matière de sport. Celui-ci s'ingère alors dans le fonctionnement de la fédération, le choix de l’entraîneur ou autre détail ne relevant pas normalement de son ressort. Ce qui n'est pas objectif.