mardi 31 mars 2015

Refuser ce qui tue: Moolaadé, le clap d'une résistance objective.

« MOOLAADE » est un film réalisé par le grand cinéaste sénégalais Ousmane Sembène. Sorti en 2004, il relate une  histoire épatante qui s’articule autour de l’excision désigné sournoisement comme la purification des jeunes filles.

A l’aide d’un travelling, la caméra nous faire souhaiter la bienvenue à un monsieur dont le vélo est surchargé de marchandise. Il s’appelle Mercenaire, un ancien militaire qui s’est reconverti en marchand chez qui le village s’approvisionne en produit divers. C’est un dragueur. En plongé, on découvre le paysage verdoyant du village grâce à des plans général et d’ensemble pris en panoramique et horizontalement. Ici, les femmes s’activent et la vie suit son court paisiblement. Mais très bientôt, un fait changera fort bien cet air.

Collé Ardo, la deuxième femme d’un paysan prospère Ciré parti en voyage, ‘’met sous sa protection’’ quatre petites filles qui ont fui le Salindré : la purification par excision. En claire, Afi, Oumy, Awa et Diatou sont venues trouver refuge. Et, elle leur accorde le MOOLAADE, un droit d’asile sacré et inviolable qui ne peut être annulé que par la personne qui l’a instauré. Voici l’incident déclencheur du film qui nous entraine de plain-pied dans son deuxième acte.

Comme une poule avec ses poussins, image montrée plusieurs fois dans le film, on comprend que les fillettes ont fait le bon choix. Au fait, sept ans par le passé leur protectrice avait refusé l’excision de sa fille unique Amsartou. Elle sera renforcée par la première femme de son mari, Hadjatou dans le combat contre les exciseuses. Après deux tentatives infructueuses de reprise des fillettes, ces dernières se considèrent défiées par Collé Ardo  et décident de plaider leur cause auprès de Dugutigi, le chef du village et de son conseil formé des notables, de l’iman et du griot. Leur intention est également d’annuler le futur mariage d’Amsartou avec Konaté, le fils de Dugutigi qui s’est visiblement enrichi de France où il se retourna. Comme un mariage avec une bilakoro (fille non excisée) n’a jamais été célébré dans le village, il est imposé à Konaté de se marier avec sa jeune cousine de 11 ans.

Amsartou, déçue de cette situation reproche à sa mère de n’être pas excisée. Mais celle-ci en l’expliquant que cette pratique l’a fait perdre deux enfants et qu’elle-même est née par césarienne, s’est réconfortée.
Avec une musique de ton tragique, on annonce que deux petites fugitives n’étant pas refugiées chez Collé Ardo, sont retrouvées mortes dans un puit. Cet évènement sinistre provoqua un émoi total dans le village. Le conseil ordonne la confiscation des radios de toutes les femmes du village. Ils ont estimé qu’elles sont influencées par ce moyen d’information. La goutte déborde la vase. La tension monte dans le village. Ennuyées, les femmes se plaignent de se diktat des hommes (leur mari) qui « veulent fermer leur esprit » affirment-elles.

Dans cette atmosphère surchauffée de frustration, Ciré est de retour. Sous l’influence de son frère aîné, il flagella publiquement son épouse, sa femme préférée, en la forçant de prononcer le mot de fin du Moolaadé. « Dis-le, dis-le » vocifère-t-il enragé avec le conseil des notables les hommes et les exciseuses. Face à ce camp, on retrouve les femmes du village réunies ensemble et répétant sans cesse «  Ne dis pas ». Et, elles ont eu raison, notre héroïne est restée bouche bée. Tout à coup, Mercenaire vient en hâte mettre fin à ce spectacle ignoble où fouet, sueur, pleur, rire, compassion, haine et courage s’entremêlent à un rythme endiablé. Ce qui lui vaut l’expulsion du village. Oh ! Quelle scène. Tournée en champ contre champ et champ contre champ avec amorce avec des plans moyen, le réalisateur nous offre un moment unique dans ce film qui exprime à tel point la manipulation engendre la violence.

Ainsi, obtient-on le climax du film : les couteaux des exciseuses désignées comme « tueuses d’enfant » sont prises de force et jetés dans le feu mis aux radios des femmes ; Ciré quitte le clan des hommes en exclamant que « l’homme seul ne porte par le pantalon » ; Konaté part rejoindre Amsatou contre les menaces d’être déshérité de son père qui le frappa avec son parapluie. L’objet se cassa. Le signe est fort. La défaite est consommée. De l’autre côté, les femmes chantent « wasa wasa » et dansent. Elles sont victorieuses : la proscription de l’excision est effective. Toute résistance a un coût. Les fillettes sont remises à leur mère à l’exception de Diatou qui, prise par sa mère à l’insu des autres a succombé à l’excision.

Ousmane Sembène par ce film, riche en émotion projette les réalités d’une  Afrique dans laquelle les gardiens de tradition continuent de défendre bec et ongle des rituels néfastes. Mais une lueur de résistance émerge et annonce le changement de cap. Elle est porteuse d’espoir pour la modernité qui s’éclore et s’approfondir avec les médias.

L’ancien ordre est rompu, l’ordre du conservatisme aveugle dans lequel certains africains disent que « … tout est bon, tout est à garder dans ses mœurs et ses traditions, ses actes et ses projets ; même l’anachronique ou le désordonné, l’immoral ou l’erreur. Tout se justifie parce que tout s’explique. »i Le nouvel ordre triomphe, l’ordre de la dénonciation et l’abandon des pratiques ancestraux nuisibles (l’excision, le repassage des seins, le mariage forcé, etc.), de la promotion des droits des enfants, des femmes et de l’information. Avec un professionnalisme sans faille sur tous les aspects, ce film est un véritable chef-d’œuvre artistique.





i Memmi Albert, Portrait du colonisé, ACCT, 1989

samedi 28 mars 2015

Choisir pour les autres et pour soi-même: L'exemple de l'Airbus A320 de Germanwings

Décollage du Non-Retour
Dans les montagnes de Seyne-les-Alpes en France, un choix humain a fait payer le prix vital a 150 personnes: le crash de l’Airbus A320 de Germanwings.

Tout est une question de choix dans la vie. Vous choisissez de vous lever du lit, de brosser vos dents, de vous doucher, etc. Mais il importe de savoir que nos choix, insignifiants qu'ils puissent paraître parfois, constituent des parenthèses que nous ouvrons sur les autres et sur nous-même. Ces parenthèses échappent très souvent à notre contrôle, et seules la vie et l'histoire se chargent de les fermer à notre place.

Etre puis Trouver sa direction

Le mardi 24 mars 2015, le copilote de l’Airbus A320 de Germanwings reliant Barcelone à Düsseldorf, Andreas Lubitz à un moment du trajet s'est rappelé de son identité humain en général et mentale en particulier. En effet après avoir traversé un épisode dépressif lourd en 2009, ce jeune pilote allemand était toujours sous traitement médical (psychiatrique) particulier et régulier. Mais il continuait de souffrir de "dépressions et de crises d'angoisses". Délibérément, il décida de dissimuler son état de santé à son employeur et à son environnement professionnel. Ce jour-là, la conséquence fut irrémédiable. Il choisit sa direction: "Le tout droit au crash". 

Profitant d'une sortie éclaire du Commandant de bord, Andreas Lubitz s'est enfermé dans le cockpit et à précipiter l'appareil sur une montagne des Alpes-de-Haute-Provence. Il se montre profondément distinct de Mohammed Atta et Marwan Alshehhiles pilotes dits amateurs des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis qui avaient percuté au nom d'un idéal ou dogme irréaliste tant controversé qu'admiré: l'intégrisme islamique. 

Quelles sont les vraies motivations de l'acte de Andreas Lubitz? L'avait-il prémédité? Autant de  questions qui trament l'esprit de plus d'uns et qui sont en cours d’élucidation. Un chose est certaine, des enfants, des hommes et des femmes ont été contraint de prendre cette direction en traversant "la Porte du non-retour".

Partir pour ne pas revenir.

Tous les passagers et l'équipage furent décimés dans le crash. Au total 150 personnes de nationalités espagnole, allemande et turque ont péris dans ce drame. Loin d'être comparable à celui du Joola, le ferry sénégalais qui reliait Dakar à la région de Casamance. Son naufrage le 26 septembre 2002 à provoquer la mort de 2000 personnes, le naufrage le plus tragique de  l'histoire de l'humanité en période de paix. Ce fut juste le résultat d'un choix: destiné pour contenir 550 âmes, Joola a embarqué près du quadruple de cet effectif.  

Que de peines! Ces cas d'espèces sont exhaustifs. 
Nous devons accepter nous traiter, traiter les détails de nos vies sans jamais les dissimuler. Certaine sociétés promeuvent la dissimulation mais les responsabilités incombent à tous. Nous sommes le produit de nos choix.

samedi 21 mars 2015

Promouvoir une nouvelle image de l'Afrique: WWW.POSITIVIDEAS.COM une plate-forme à encourager.

Lancé le samedi 14 mars 2015 à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, par l'association Positives Ideas Africa, positivitideas.com est un site qui vise la promotion d'une image valorisante de l'Afrique. 

Depuis l'avènement de la communication par multimédia, le constat est que l'Afrique s'est vue attribuée une image dégradante. Ce fait s'est accentué, dans une certaine mesure, avec la floraison des plates-formes de la génération 2.0

Ainsi peut-on dire que Pierre Ansart a toujours raison, près de cinquante (1966-2015) après  avoir ressorti les travaux des idéologues dans son ouvrage "Sociologie de Marx" où il stipule que  trois images permettent de légitimer la domination exercée par les dominants sur les dominés. Dans le cas d'espèce, il s'agira de rompre ce lien en décidant  de promouvoir les idées novatrices et d'accompagner les projets porteurs d’avenir pour le continent africain". 



Quel est le cadre approprié à cette fin? L'association "Positives Ideas Africa" composée de jeunes gens professionnels et dynamiques qui sont conscients des potentialités de l'Afrique et optimistes sur ses capacités endogènes, donne la réponse: www.positivitideas.com. Présidé par Jean Jacques MBASSA, elle faire coïncidé les mots et les choses le samedi 14 mars 2015 par le lancement de ce site internet au CESTI (Centre d'Etudes des Sciences et Techniques de l'Information), l'école de référence panafricaine en Journalisme.  

"Nous voulons convaincre l'opinion publique et les médias qu'en Afrique il y a aussi du positif; Etre l'interface entre les personnes ayant des idées et les personnes pouvant permettre de les transformer en actes." Telle se présente en substance les objectifs de cette association.

Ce fut un grand rendez-vous de réflexion et de partage qui  s’est déroulé dans une atmosphère détendue. Il a eu pour participations de nombreux invités : étudiants, membres du corps professoral, journalistes, représentants d’associations, représentants de mouvements citoyens. Espérant, qu'elle soit vite reliée aux réseaux sociaux, souhaitons bonne chance à cette aventure. 

mercredi 11 mars 2015

130 ans après ce festin: ils demeurent insatiables.

Nous avons toujours faim!
1885 - 2015, l'Afrique fête ses 130 bougies de dislocation et de disparité. Malgré le temps si lointain apparemment, elle reste un éternel repas qui ne finit pas ou qui peine à finit. 

Le destin de tout un continent se décidait à la Conférence de Berlin. Entamée le 15 novembre 1884, cette rencontre n'a été q'un grand festin coorganisé par les puissances impérialistes - que vous connaissez- pour asservir les exigences d'un capitalisme qui refusait de rester cloisonné entre les frontières très exiguës pour lui. Cet événement qui prendra fin le 26 février 1885, marquera le début d'une page sombre de l'histoire de l'Afrique, voire de toute l'humanité.

Je ne sais pas dit NON
Elle ne sait pas dit NON. L'Afrique n'a jamais su refuser quoi que ce soit. Avant Hier, c'était ses braves hommes (esclavage), hier ce fût son corps (colonisation) et maintenant, elle offre gratis son esprit et son âme (néo colonisation, mondialisation) pour se livrer à une mendicité aveugle comme un talibé des rues de Dakar. Le pire, elle pense qu'elle ne peut rien sans l'autre, ce vorace qui salive à sa porte et dans sa chambre accouché. 
Ses richesses sont justes vilipendées avec son consentement. 

Honorer mais désobéir
Il faut apprendre à désobéir à cette mère (l’Afrique de la routine). Et, je veux nous exhorter à refuser de faire comme elle. Tout est possible encore. Alors, devenons techniquement compétents et politiquement engagés en toutes choses pour la satiété et non contre la faim; pour la richesse et non contre la pauvreté; pour la vie, une vie abondante et non contre la mort, une mort horrible.




vendredi 6 mars 2015

ALLONS LES INFORMER: Les médias internationaux à l'assaut de l'Afrique

Nous sommes là!
L'Afrique intéresse les médias internationaux. Ils s'y installent sans difficulté depuis quelques années pour "nous informer" de ce qui se passe chez nous. Cette stratégie confirme à tel point l'information est devenue une puissance qu'il faut posséder pour avancer.

Le 03 mars 2015, la Voix de l'Amérique ( VOA ) ouvre une station à Dakar. Et, c'est avec un large éventail d'information et d'émissions éducatives qu'elle se propose de couvrir 18 pays de la sous-région. Ce sont les jeunes âgés de 14 à 30 ans qui constituent sa principale cible. Selon le directeur du bureau de la stratégie et du développement pour le conseil des gouverneurs et l'audiovisuelle des Etats-Unis, Bruce Sherman, ce choix s'explique par « l'importance et la taille de la jeunesse joue un rôle déterminant dans la société donc il faudra l'éduquer afin qu'elle participe au développement ». 

Avec cette panoplie de revues, chaînes de radio et de télévision étrangères  (RFI, France24, BBC, RCI, VOA, Le Monde et Le Point Afrique, etc.) qui ont fini par confisquer l'audience médiatique africaine, on ne peut que dire: ce sont les autres qui nous informent. D'autres deviennent même des devins pour notre continent. Ils prédisent tout ce qui se passe en Afrique ( La lettre du continent, ...). Ce qui nous accrochent le plus, c'est l'information-spectacle qu'ils nous offrent dès qu'ils peuvent, surtout qu'ils en ont les moyens.

Que se passe-t-il chez mon voisin?
C'est ce qui nous semble cher à savoir mais nous ignorons très souvent, ou toujours, la presque totalité de ce qui se passe réellement chez nous. Comme dans l'économie où ils sont arrivés à nous imposer une ligne asymétrique et désarticulée, ensuite la culture où on se débat avec un effort à la Pénélope discontinue à rester extravertie, sommes-nous de plain-pied dans l'ère de la fin? Une fin qui endiguera notre chance de gérer la gouvernail de l'histoire.


L'information occupe une place prépondérante dans la société de nos jours, place qui a été celle, jadis de l'agriculture (jusqu'en 1900), puis de l'industrie (entre 1900 et 1975-1980) dans les Etats développés d'Europe et d'Amérique. C'est à juste titre que les médias internationaux révolutionneront les métiers de l'informations en Afrique. Quoi que aucun média n'est neutre, présageons un avenir meilleur où on aurons l'équilibre en ce sens.